ENVIE DE CULTURE    AVIGNON

Nous sommes tous appelés à disparaître un jour. C'est ce qui fait notre humanité.
Mais quand il s'agit d'aborder les rivages du départ, de nombreuses étincelles s'activent en nous afin de nous inciter à rester vivant(e)s

C'est ce moment suspendu et pourtant si réel que nous raconte, sans fausse pudeur, la pièce de la compagnie Cacho-fio.

En Provence, lou cacho-fio, c'est cet énorme morceau de tronc d'arbre, que l'on met au fond de la cheminée et qui doit brûler durant 3 jours minimum pendant les fêtes calendales. C'est le symbole de la vie qui continue, de la lumière et la chaleur qui refusent de s'éteindre.

Avec une mise en scène simple et efficace, retraçant avec justesse, le dénuement de nombre établissements « d'accueil » de personnes âgées, la pièce nous parle de ce passage si délicat et si difficile, où au seuil de sa vie, dans un lieu impersonnel, nous relevons la tête, nous nous montrons tels que nous sommes.

Émotion, humour et tendresse sont les fils qui se tissent sous nos yeux,, mettant en lumière nos fragilités et nos angoissent profondes.

Un discours salutaire à l'heure où le grand âge n'est devenu qu'un discours politique sans âme.

Les 2M & Co

Cette pièce se présente comme un véritable OTNI, un Objet Théâtral Non Identifié, un brûlot déjanté et satirique qui oscille entre la farce et la fable, l’humour et la férocité, la provocation et l’empathie pour exprimer le désir du changement et la difficulté à l’obtenir dans une société sclérosée et apathique. 

Elle nous entraîne, au sein d’une école prétexte surréaliste, dans les tourbillons d’une pseudo campagne électorale de délégués étudiants   au cours de laquelle deux jeunes gens se confrontent, s’indignent et se demandent comment RESISTER face aux injustices, aux conflits et aux aberrations du monde qui s’offre à eux.

Elle envoie un coup de poing revigorant dans le ventre mou de notre inertie, un coup de pied salutaire dans la fourmilière de nos indécisions et réveille l’espoir un peu perdu des lendemains qui pourraient chanter à nouveau si l’on se décidait, comme Jeanne et Olivier à prendre la terre et ses maux à bras le corps !

Elle vous fait prendre un ascenseur émotionnel violent, mieux, une sorte de grand 8 haletant qui vous fait passer sans transition du rire aux larmes, de la poésie à la contestation, grâce à la force du propos et à la verve puissante des acteurs qui surfent avec maestria sur la vague d’émotions mêlées et de registres contradictoires mais toujours avec une intensité et une conviction rare.

Elle propose une mise en scène hyper inventive ancrée dans un décor décalé et improbable, sorte d’île artificielle offrant des plaisirs tout aussi artificiels et superficiels (palmiers, transats, cocktails…) auxquels s’adonnent ceux qui ne se sentent pas concernés par l’état critique de notre monde réel. En guise de coulisses, une sorte de mer de boules noires (nos détritus ?) entoure cette île et permet aux acteurs de, flotter, de s’enfoncer ou de disparaître selon les besoins d’une scénographie chorégraphiée au cordeau.

Bref, vous l’aurez compris, « Le poids des fourmis » nous offre une ŒUVRE DE SALUT PUBLIC à mettre d’urgence sous tous les yeux et entre toutes les oreilles, une invitation explosive et nécessaire à la résistance et à la fraternité et une leçon de vie pleine d’humour corrosif et de sensibilité exacerbée qui vous emporte et ranime votre foi parfois chancelante en l’humanité.

Les 2M & Co

Qui est sensible à la question des féminicides ? Abordée régulièrement dans les médias depuis de nombreuses années et malheureusement peu ou mal pris en charge en amont : les statistiques restent inchangés – voir en hausse - au fur et à mesure que les années passent :  au 23 mai 2024, 41 femmes ont été victimes de féminicide sans compter les suicides. Où est l’erreur ?

« Elle ne m’a rien dit » est l’histoire vraie de 2 sœurs unies dans une sororité que seule la mort peut séparer. Mais c’est aussi le combat d’une héroïne qui se fait un devoir de rendre son honneur à sa sœur ; mais c’est aussi une immersion dans l’intimité d’une femme qui vit un rapport de domination au sein de son couple ; mais c’est aussi  comprendre pourquoi la réponse de la société, de la justice n’est toujours pas adaptée et que le combat pour les droits des femmes reste devant nous ! mais c’est aussi …des questions, des réponses, des interrogations teintées d’émotions, de ressentis, de la tendresse, de l’amour, du chagrin, de la haine, de la colère, de l’incompréhension, de  l’admiration, de la grâce et… de l’ESPOIR.

Cette pièce est remarquable que ce soit l’écriture, la mise en scène de Hakim DJAZIRI, les comédien.nes, la scénographie, le son, les lumières tout est cousu comme une dentelle précieuse, chaque point attaché au suivant pour être au plus près de ce témoignage que l’auteur et metteur en scène a eu à cœur de transmettre. Merci à lui.

Il faut voir absolument cette pièce, ce combat qui a duré plus de 11 ans pour Hager, cette héroïne qui le 17 mars 2021 a obtenu de faire condamner pour la première fois l’Etat pour : « Dysfonctionnement du service public de la justice » mérite que l’on s’arrête devant ce témoignage pour encore mieux comprendre et agir.

Parlez en autour de vous c’est essentiel.                

 Cette cause qui nous concerne tous, nous incite à vous faire un lien avec une autre pièce tout au aussi remarquable, écrite à partir aussi d’un témoignage en 2020, sur les violences psychologiques au sein d’un couple. Il faut savoir que celles-ci sont encore peu reconnues et prises en compte dans les politiques publiques. Cette pièce  :  «les ecchymoses invisibles » de Djamel Saibi avec Emma Dubois et Éric  Moscardo de la Déesse Compagnie est aussi un excellent vecteur de prise de conscience par tout un chacun et permet  de comprendre  l’ambiguïté de ces prises en charges qui sont très complexes pour accompagner ces femmes en détresse.    

Ces pièces dénoncent avec brio ce fléau sociétal, il est urgent de soutenir toutes ces initiatives théâtrales qui sont particulièrement au cœur de la réalité de notre société.    

Les 2M & Co      

Nouvelle création de cette pièce classique par je jeu gestuel et rythmé associé au phrasé « tonitruant » de ces six jeunes comédiens talentueux et d’une grande fraîcheur. Le décor d’une grande simplicité (4 chaises ) et les costumes en noir et blanc mettent en exergue le jeu atypique des comédiens fait d’humour, de dérision et d’anticonformisme.

Première création à ne pas manquer car ces jeunes comédiens interprètent ce texte avec un brio déjanté Un vrai moment de bonheur, de rires et de surprises.

Nous avons adoré cette performance !

Allez-y !!

Les 2 M & Co

Deux excellentes comédiennes et autrices, Marion POUVREAU et Camille BROQUET nous entraînent dans la célèbre oeuvre littéraire de Flaubert « Madame Bovary » que nous avons lu et étudié parfois avec plaisir mais souvent avec ennui car obligatoire dans notre parcours scolaire.

Là, il est question d’adresse directe au public, de retours dans l’œuvre, de voyages délirants dans l’imaginaire absurde des autrices, d’émotion parfois et de rire souvent !

Le décor est minimaliste, peu d’objets mais aux couleurs chatoyantes pour que ce joyeux duo d’actrices soit libre dans leur interprétation.

Un duo détonant, drôle et attachant Pari réussi : on aurait même envie de relire cette fameuse œuvre de Flaubert