Rétro Visions

Journaliste d’investigation, femme courageuse reconnue comme excellente professionnelle, passionnée de son métier, intègre, Anna POLITKOVSKAÏA a connu un destin tragique : elle a été assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou chez elle en rentrant de faire ses courses pour avoir fait son métier lors de la deuxième guerre de Tchétchénie.

Cette pièce de théâtre reprend les écrits d’Anna et nous saisit au cœur par la puissance des mots qui se suffisent à eux-mêmes en racontant les faits tels qu’ils sont : témoignage des extractions des camps ennemis russes comme tchétchènes, ses interrogations, sa colère, sa force, sa fatigue aussi ...
Interprétée par Marie DE OLIVEIRA et Laurent MASCLES, 2 excellents comédiens, cette pièce nous touche surtout par le jeu des acteurs qui donne une dimension exceptionnelle à ce texte.
Jouant en alternance,LUI dans ses différentes postures (jeune homme engagé dans l’armée, colonel, terroriste etc...) dans un jeu sobre impressionnant de force et suffisamment puissant pour permettre à sa partenaire d’être celle qui vit ce récit.

ELLE toujours debout, raconte et raconte encore les faits, mais aussi nous sommes avec elle lorsqu’elle nous parle de ses interrogations, de ses choix qu’elle assure jusqu’au bout consciente de la menace de mort qui pèse au-dessus de sa tête, inquiète pour ses enfants ... Elle fait un choix malgré l’absurdité de la situation « que fais je ? Je continue ou je ferme les yeux ».

La mise en scène de Laurent MASCLES est très soignée, sobre elle laisse la part belle aux comédiens et au texte, la présence presque en continu de fumée, le jeu d’ombre, de lumière et la musique originale de Gilles MONFORT accompagnent le texte et les comédiens et nous immergent totalement dans ce récit.

Que vous connaissiez ou pas Anna POLITKOVSKAÏA, allez voir cette très belle pièce, c’était une combattante avec tout le respect que nous pouvons avoir pour elle.
Nous en ressortons selon notre sensibilité, un peu groggy mais profondément heureux d’avoir pris le temps de l’écouter en se laissant atteindre par la radicalité de ses choix.

« PRENDRE POSITION, C’EST FAIRE PREUVE D’INTELLIGENCE »

Nous partons explorer avec lui les différents passages de la vie à la mort, la vie avant revisitée, le passage de la vie à la mort avec la peur de l’après mais aussi une bouleversante, tendre et drôle aventure partagée avec ses proches.

Christian MULOT interprète ce mort plein de vie avec brio, humour et un formidable dynamisme.

La mise en scène de Séverine VINCENT accompagne avec justesse le passage des émotions de Jacques.

Une pièce à voir pour sa brillante adaptation, l’excellente interprétation mais aussi pour toutes les questions essentielles et existentielles que chacun d’entre nous s’est posé ou sera à même de le faire sur la mort et la vie.

La subtilité du texte, de la mise en scène et du jeu excellent des acteurs nous emportent dans un huit clos d’où émergent les sentiments et les émotions des deux personnages : dépression et échec de sa vie pour lui ; joie de vivre, optimisme et sensualité pour elle afin de supporter la guerre.

Il y a rencontre...

La mise en scène par ses lumières, les silences, la gestuelle et par la présence d’un complice musical révèle et accentue l’intimité de la rencontre qui est en fait le cœur de l’histoire.

 
L’intime est inscrit dans deux cultures différentes et dans un pays en guerre. La peur et le rêve se côtoient et interrogent jusqu’à la fin le spectateur sur la possibilité et le sens de cette rencontre.

Une belle pièce humaine à voir.

La lumière, le sombre et le son sont des éléments essentiels dans la sobriété du décor qui prend une dimension plus réaliste encore par la présence d’un mur en pierre dans ce théâtre. Ces éléments soulignent l’atmosphère de chaque nouveau tableau qui nous transporte dans les différents quartiers de la vieille ville.

Nous traversons avec cette géante au pieds nus des émotions fortes qui varient de la douceur de l’enfance à la douleur de l’adulte face à la cruauté.

La comédienne et metteur en scène, Claire RUPPLI a joué et mis en scène ce texte en 2009 au théâtre des Halles en Avignon. Elle se dit « habitée par ce livre » et a décidé de le reprendre compte tenu de la puissance de ce texte en elle, mais son jeu  ne transmet pas toujours l’émotion et la densité dramatique de ce texte.

Cet écrit onirique et poétique nous fait ressentir avec émotion la mémoire des drames vécus à Prague, que l’on peut transposer sur les horreurs et les injustices vécues par les peuples dans toute guerre et qui existe en autre aux portes de l’Europe en ce moment.

Beauté et tristesse se côtoient et cette pièce peut s’adresser à tout public dans une recherche de transmission de la Mémoire et de la trace de l’Histoire.